dimanche 19 février 2017

Ode à la spontanéité... culinaire !

Bonjour à toutes,

Source : Pinterest.

Vraiment de retour cette fois ! ça fait quelques temps déjà que je songe à vraiment me remettre à bloguer, pas nécessairement deux fois par semaine mais régulièrement... Il y aura cependant quelques petites modifications sur mon blog : en effet, je me lasse des articles "beauté" classiques. J'ai envie de parler d'autre chose, de me lancer dans de nouveaux thèmes... De m'exprimer ! Ouvrons ce nouveau chapitre avec un thème qui me tient à coeur... La spontanéité, dans nos assiettes comme dans la vie.

Le mal du siècle

J'ai observé ces derniers temps une chose qui me fait hérisser les poils : le manque de spontanéité, qui semble augmenter d'années en années. C'est probablement notre époque qui veut ça, et je ne veux surtout pas faire de généralités dans cet article, mais de plus en plus de personnes ont peur d'entreprendre, et ça se remarque dans la vie de tous les jours comme en cuisine, et c'est cet aspect que j'ai voulu aborder.

Dernièrement, je dînais chez des amis qui sont d'excellents cuisiniers mais qui ont besoin de suivre "la voie de quelqu'un d'autre" à travers des explications claires et précises, et je me faisais la réflexion suivante : pourquoi toujours suivre une recette ? Pourquoi se sentir obligé de vérifier la recette des pâtes Carbonara, des lasagnes, du poulet rôti ou de tout autre plat avant de se lancer?


Je me faisais à nouveau cette réflexion en voyant des pubs d'aide à la cuisine : robots ménagers, "mélanges parfaits" d'épices, etc. Quand on a une famille nombreuse et peu de temps pour cuisiner, ça peut être utile, soit. Mais quand on est seul, qu'on a du temps devant soi, quel intérêt de s'encombrer de tout ça, à part de dépenser son argent et de perdre tout plaisir à la tâche ?

J'ai commencé à vraiment aimer cuisiner il y a quelques mois. Avant, ça m'arrivait ponctuellement de me lancer dans une recette. Maintenant, j'adore manier les différents ingrédients et inventer de nouvelles choses... Mais je ne suis presque plus de recettes. Les recettes manquent souvent de goût, d'originalité. J'aime bien faire tout "à l'oeil". J'adore manier les épices, sentir la pâte sous mes doigts, corriger mes erreurs, improviser. Rien n'est jamais pareil. Alors oui, je ne suis peut-être pas la meilleure du monde en cuisine, mais j'adore innover.

Une fois qu'on maîtrise les principaux "trucs" en cuisine (il ne faut pas partir de zéro, c'est certain) comme les modes de cuissons, l'intensité des plaques (le bain-marie, faire cuire des pâtes, du riz, des légumes ou des viandes par exemple), ou encore les ingrédients de base d'un gâteau, la texture qu'une pâte devrait avoir, etc... on n'a en principe plus besoin de recette ou du moins pas de recette précise - simplement des inspirations (sauf pour la pâtisserie qui elle demande des talents particuliers et de la patience que je n'ai malheureusement pas!)


La cuisine, c'est avant tout un plaisir : se tromper fait partie du processus. On fait tous des erreurs, et rater un plat ou un dessert n'est pas une fatalité. Ceci vaut aussi pour les erreurs autres que culinaires. Quelle importance de rater quelque-chose dans sa vie, de se tromper, de se perdre en chemin, d'improviser ? La vie est trop courte pour passer son temps à suivre des règles. Se détacher de ces règles apporte un grand bonheur et une réelle sensation de liberté.

La cuisine, la route, les voyages... Je fais un drôle de parallèle, peut-être, mais il semble que les personnes de mon entourage qui sont les moins capables d'innover en cuisine sont aussi celles qui se posent le plus de questions avant de prendre la moindre décision et qui se sentent obligées de tout programmer, de tout maîtriser : les mêmes qui font un itinéraire de voyage heure par heure avant le grand départ en vacances et qui stressent dès que les choses ne se passent pas exactement comme prévu. J'ai vu des gens, par peur de l'à peu près, cuisiner avec une balance ultra précise pour des gâteaux basiques, paniquer dès que la pâte n'avait pas parfaitement la consistance attendue, peser les épices. Les épices ! Ce n'est pas un mal en soit... Mais c'est bien dommage, non ?

Après bien sûr, si vous n'aimez pas cuisiner... C'est un autre "problème", et je peux comprendre. Mais plutôt que d'avoir peur, mieux vaut se lancer, et c'est comme ça pour tout ! N'ayons pas peur de l'échec, sachons nous libérer des diktats de la société, nous éloigner des recettes pour apprendre à entreprendre des choses nouvelles.


Et vous, vous êtes du genre à suivre la recette au milligramme près, ou à vous lancer tête baissée dans l'aventure ? N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez :-)


A très bientôt,

mercredi 15 février 2017

Comment écrire un best-seller ? US vs FR


Vous avez toujours voulu vous lancer, mais vous ne savez pas par où commencer pour vous assurer le succès ? Guide pas à pas !

1/ Trouver le titre qui va se vendre.

Les Américains préféreront un seul mot, si possible un mot qui n'a absolument rien à voir avec le thème abordé dans le roman. Il est important de trouver votre titre avant de commencer la rédaction. Des exemples : Résurrection, Pachyderme, Réminiscence, Ornithorynque...

Les Français, eux, privilégieront un titre à rallonge, qui semble avoir été trouvé après avoir mélangé codéine et THC. Exemples : L'odeur de la pluie sur les carreaux de la maison de ma campagne ardéchoise, L'hymne aux bicéphales, La concupiscence de l'éternel absent...


2/ Une histoire accrocheuse.

Si vous comptez vous faire publier dans une grande maison d'édition américaine, il y a deux recettes qui fonctionnent : le mommy porn (avec toujours un homme riche et torturé et une jeune vierge effarouchée) ou la bit-lit (avec toujours un vampire riche et torturé et une jeune vierge effarouchée). On ne change pas une équipe qui gagne.

Les maisons d'édition françaises, en revanche, vont privilégier les fictions qui évoque des thèmes  profonds mais habituellement délaissés par la littérature : le long chemin d'un crapaud de la route au ruisseau, l'envolée d'un scarabée, les souvenirs du grand-père du parrain du cousin germain de votre beau-frère lorsqu'il a pêché une carpe dans la rivière en bas de chez lui, etc.

3/ Ce petit détail qui change tout.

Aux US, l'idéal est d'ajouter à votre histoire un triangle amoureux. Mais attention, pas de tromperie dans l'air, hein ! Veillez donc à inclure au moins un baiser avec le nouvel élu de son coeur, mais certainement pas plus. On ne va pas se mettre les WASPs à dos... 

En France, donnez de l'importance à un objet qui n'en a pas. Si vous parlez des souvenirs du grand-père du parrain du cousin germain de votre beau-frère, par exemple, veillez à évoquer son affection pour la cage de son cochon d'Inde, qui lui rappelle tant de doux moments passés en sa compagnie, ou son émotion au souvenir du parfum des fraises des bois qu'il cueillait dans la forêt le dimanche soir en allant chasser le sanglier.


4/ Ces petits mots qui vont vous faire atteindre le million.

Si vous publiez aux US, privilégiez les descriptions de votre protagoniste "à la grecque". Usez et abusez du torse marmoréen, de la peau translucide, des yeux de velours, des mains douces mais puissantes, etc. Donnez l'impression que vous décrivez une statue grecque. Les statues grecques semblent avoir la clé du coeur de milliers d'adolescentes américaines.

En France, faîtes jouer vos sens. Parlez des odeurs, des couleurs. Utilisez des mots compliqués (sans ajouter de petite note de l'éditeur). Parlez psychanalyse, complexe d’œdipe, désirs inexpliqués et inexplicables de bains de minuit, bref, innovez.


5/ Un défaut ?

Oui ! Aux US, le personnage doit être parfait sans l'être. Il faut lui trouver "le petit défaut" qui fera frétiller vos lectrices. Si c'est un homme que vous décrivez, parlez de la petite bosse qu'il a sur le nez, de ses yeux légèrement rapprochés (pas écartés hein, sinon on va croire qu'il a le syndrome d'alcoolisme foetal !), ou encore de la petite coupure qu'il s'est faîte au menton en se rasant ce matin. Bref, des défauts qui n'en sont pas vraiment, mais qui rendront votre héros plus crédible aux yeux de vos lecteurs.

En France, vous pouvez tout vous permettre : votre protagoniste peut être violent, harcelant, avoir un nez en forme de poignée de porte, la tête d'Elephant Man, les pieds plats, aimer le Triomino ou péter au lit... Faîtes jouer votre imagination !

6/ La couverture.

Eh oui, cet aspect est à réfléchir longuement ! Facile, aux US, ils vous suffira de prendre en photo un dé à coudre, une bague ou la flamme d'une bougie, de flouter un peu et de mettre l'objet sur fond noir avec le titre en blanc.

En France, il faudra vous armer de patience pour faire "la" photo poétique. Le choix, cela dit, ne manque pas. Prenez en photo un arrosoir, des géraniums, des pommes tombées de l'arbre, une cabane de jardin, un tuyau d'arrosage ou encore un chat en train de faire sa toilette. Un rayon du soleil doit percer pile au centre de l'objet photographié, sinon votre livre ne se vendra pas. Restez sobre pour le titre avec un bon Times New Roman dont l'efficacité n'est plus à prouver.


7/ Les goûts de vos protagonistes.

Aux US, votre héroïne sera forcément fan de littérature anglaise, mais quand je dis anglaise, c'est britannique. Ne citez pas H.D Thoreau, Salinger, Nabokov ou Walt Whitman, mais plutôt les soeurs Brontë, Arthur Conan Doyle ou Jane Austen. Elle a lu, à 17 ans, tous les sonnets de Shakespeare, et relit les Hauts de Hurlevent chaque soir dans son lit avec la Nocturne opus 9 n°2 de Chopin qui tourne en boucle sur sa platine vinyle.

En France, pensez cinéma d'auteur, tisanes de camomille et "bons vieux livres" aux pages cornées, au coin du feu. Vous pouvez également citer des philosophes inconnus, aborder des questions métaphysiques, chercher le "pourquoi du comment".

8/ Le sexe.

Aux US, oui mais... Point trop n'en faut ! Les sentiments doivent se développer rapidement, sinon, vos lecteurs vont croire que vos personnages sont des libertins et ce sera une véritable catastrophe commerciale ! Ne parlez ni des couples mixtes, ni des homosexuels, bouh, c'est trop choquant. Ou alors intégrez à votre histoire un meilleur ami gay qui sera important-mais-pas-trop.

En France, pas de limites. Hétéro, gay, lesbien, de groupe, avec des animaux, des objets, des légumes, tout passe, reste plus qu'à aller au bout de vos fantasmes ! (du moment que vous n'oubliez pas le pr... le pré... le... petit capuchon de caoutchouc.)


9/ Les lieux.

Aux US, il faut trouver l'indispensable "petite bourgade où rien ne se passe" afin de s'assurer que l'arrivée de nouveaux venus ne passe pas inaperçue. Choisissez l'Etat de votre choix, pourvu qu'il fasse soit trop chaud, soit trop froid, soit trop humide. Une petite ville de l'Etat du Michigan, c'est parfait. Le roman doit commencer par l'arrivée du nouveau venu au lycée, et se terminer par le traditionnel bal de promo.

En France, ça se passe soit à Paris (avec au moins une scène dans ce "petit restaurant intimiste où l'on connaît le chef et où la carte propose des ingrédients locaux rigoureusement sélectionnés") soit dans la campagne profonde. Si vous optez pour cette dernière, n'oubliez pas de mentionner le fermier du coin qui part à mobylette vendre son fromage et ses œufs dans le village d'à côté, sinon les éditeurs parisiens le mettront immédiatement en haut de la pile des manuscrits à brûler.


10/ Les remerciements.

Aux US, il faut leur consacrer deux pages au minimum. Remerciez d'abord votre agent, votre éditrice, les amies de votre éditrice avec lesquelles vous êtes allée bruncher dimanche, vos parents, vos frères et soeurs, vos enfants, votre mari, votre maîtresse d'école de CP, vos poissons rouges, le vendeur de l'animalerie où vous êtes allée les chercher, le serveur du Starbucks qui a bien orthographié votre prénom la semaine dernière, Cyril Hanouna, et surtout trouvez un endroit où placer le mot "infiniment". 

En France, terminez le roman par une phrase un peu mystérieuse qui fera office de remerciements généraux. Exemple : "Je vous dois tout." (sans préciser si vous parlez de vos lecteurs ou de vos huissiers). C'est suffisamment mystérieux pour que votre lectorat se sente concerné.


Voilà, avec ça vous devriez y arriver ! N'hésitez pas à me dire si l'article vous a plu et vous a fait rire :-) Le but n'est pas de me moquer mais de rire des principaux clichés qui entourent les best-sellers français et américains, selon moi... Et vous, comment les voyez vous?

A très bientôt,

PS : Je remercie ma mère, le chauffeur de bus de la TCAR qui me dit bonjour à chaque fois, mon maître d'école de CM2 pour avoir été un bel enf****, et mon chat sans qui rien n'aurait été possible.